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Nouvelles Industries, Nouvelles Économies

coordonné par Apolline Le Gall / lundi 16 octobre 2017

Cette thématique interroge la place du design dans la réflexion sur les formes d’organisations et leurs enjeux en termes de travail, de création, d’action collective… Cette thématique s’inscrit ainsi dans un mouvement qui voit le domaine du design et ses méthodes s’élargir à des objets de plus en plus complexes (de l’objet industriel aux systèmes et services), abstraits (design de services, design d’expérience), mais également stratégiques (design strategy, design management,…). Pour envisager le design dans sa capacité à imaginer et prototyper un futur désirable (le design vise à « améliorer ou au moins [à] maintenir l’habitabilité du monde » 1) , il est nécessaire de se doter d’outils qui permettent de rendre visible, lisible et appropriable ce monde des organisations. Entre le penser et le faire, ou plutôt dans le penser et le faire, « Entre l’atelier et le salon »2) , la recherche à l’ENSCI - Les Ateliers, sur la thématique « Nouvelles industries, nouvelles économies », observe comment le design s’attache à comprendre et réinventer le lien avec les organisations (sous toutes leurs formes) comme lieu de production de valeur (s) : et si le design ne s’attaquait plus seulement aux produits et services mais également à l’environnement, au « milieu » qui les conçoit et les produit ?

. Organisations, Valeurs et Politique par le design

Au-delà du dessin des offres (de produits, de services, de systèmes, d’interfaces…), il s’agit désormais de s’interroger sur le design des structures des organisations, c’est-à-dire de concevoir les formes de l’action collective en entreprise (de l’entreprise traditionnelle, à la startup, en passant par les SCOPs par exemple) : dessiner le travail, dessiner et accompagner les modèles économiques, politiques et sociaux susceptibles de porter les innovations techniques et sociales de demain. Cette année, Design en Séminaire organise 3 séances pour explorer ces questions :

  • Lundi 16 octobre 2017 :« Organisations : un nouveau terrain de jeu pour les designers ? »
  • Lundi 9 avril 2018 : « Le design dans les organisations : pièce rapportée et valeurs ajoutées ? »
  • Lundi 14 mai 2018 : « Designers debout ! : Le politique par le design »

. Organisations : un nouveau terrain de jeu pour les designers ?

Cette séance est coordonnée par Apolline Le Gall , avec Joachim Savin , designer, Matthieu Marcha l (Les chaudronneries), Sumi Saint-Auguste (OpenLaw)

Peut-on, et si oui, comment designer des organisations ? Comment (re)penser l’entreprise, le travail, les formes de l’action collective par le design ? Face à l’injonction d’innovation et l’encouragement de l’entrepreneuriat sous toutes ses formes ; face au désir exprimé par un certain nombre d’étudiants designers de se lancer dans une aventure entrepreneuriale ; et face au développement de formes « alternatives » d’organisations telles que les SCOP, SCIC et mutuelles, qui réinventent leurs propres modèles de fonctionnement, nous cherchons à explorer un champ émergent du design : le design des organisations. À travers les expériences de nos invité-e-s (étudiant-e-s de l’école, chercheur-se-s et designers), nous souhaitons créer un espace pour interroger la posture, les outils, mais aussi les problèmes des designers lorsqu’ils ne dessinent plus des offres (produits, services, interfaces…) mais la structure même de production : l’organisation en tant que dispositif d’action collective à dessiner.

. Pièce rapportée et valeurs ajoutées : Le design dans les organisations

Les designers sont-ils eux-mêmes porteurs de valeurs dans les organisations, et, si oui, comment sont-ils à même de les insuffler dans celles-ci ? Le développement d’initiatives d’Économie Sociale et Solidaire (ESS), d’entrepreneurs « d’intérêt général », ou l’appel à la reconnaissance d’entreprise « à missions » (entreprises qui revendiquent un but « pas uniquement » lucratif mais se dotent d’une mission globale comme « Nettoyer l’espace » par exemple pour la Start-upD-Orbit), semble traduire un besoin de plus en plus important de dépasser la question de la valeur purement économique de l’entreprise. Dans le même temps, la remontée en stratégie des designers, qui se matérialise notamment par des projets design de marque, de design de modèles économiques (ou du moins de participation des designers à la conception des modèles économiques des offres mises sur le marché) et la participation plus en amont des designers dans le processus de stratégie, tend à suggérer que les designers peuvent avoir un rôle à jouer dans ce mouvement. De fait, les produits et services dessinés par les designers sont à l’intersection de registres de valeur multiples (économique, mais aussi technique, fonctionnelle, sociale, symbolique, écologique, esthétique, …), qui font le lien entre de multiples acteurs. À travers les expériences de nos invité-e-s (étudiant-e-s de l’école, chercheur-se-s et designers), nous cherchons à interroger si, et en quoi, les designers sont eux-mêmes porteurs de valeur dans les organisations, et en quoi cela fait sens dans la pratique des designers. Quelles sont les démarches, les outils, les postures mobilisés par les designers dans ces champs ? Quelles sont les formes que cela produit ?

. Designers debout ! : Le politique par le design

Pourquoi et comment les designers contribuent-ils à produire du politique ? Dans des espaces explicitement politiques, dans des espaces alternatifs et utopies, mais aussi dans les objets industriels, comment comprendre le design comme pratique politique ?

Dans cette séance, nous explorerons le design comme pratique politique. En effet, certains designers adoptent une posture critique explicitement politique (comme William Morris ou Victor Papanek, parmi beaucoup d’autres). D’autres s’engagent dans le dessin d’utopies et d’alternatives à la norme, notamment au capitalisme néo-libéral et à la consommation excessive de ressources. D’autres encore, s’engagent dans le dessin de dispositifs de participation citoyenne à la conception de politiques publiques ou dans la conception de supports (notamment graphiques) au service d’hommes, femmes et partis politiques ou d’idéologies.

Mais, au-delà de ces pratiques explicitement politiques du design, les designers inscrivent de fait dans les objets qu’ils dessinent, des valeurs, des façons de voir le monde, mais aussi des relations de normes et de pouvoir, c’est-à-dire du politique.

À travers les expériences de nos invité-e-s (étudiant-e-s de l’école, chercheur-se-s et designers), il s’agit de s’interroger sur le rôle politique et critique des designers, dans leur implication dans la conception de modèles alternatifs mais aussi dans leur pratique du design industriel « traditionnel ».

Quels sont les outils, postures, et démarches du design qui contribuent à « dessiner du politique » ? Le dessin de formes alternatives peut-il nous éclairer sur le rôle politique des designers dans le monde d’aujourd’hui ?

Les invités :

- Gaetan Barbé, designer freelance (diplômé de l'Ensci)
- Igor Galligo, chercheur et designer
- Léonore Conte, désigner graphique et doctorante en esthétique à Paris 8

1)
Findeli, 2010, p.292
2)
Pene, 2013, p.50