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Sons contre Maux

coordonné par Roland Cahen / lundi 6 novembre 2017

Pourquoi ce séminaire ?

Aborder de nouveaux champs du design : son et multimodalité dans le domaine médical, plus précisément la psychiatrie, avec les sciences cognitives, l'interactivité, le numérique. Nous pensons que le design ou la création fonctionnelle et la science peuvent mutuellement bénéficier d’un travail commun. En partageant la recherche entre la théorie et les formes, ils peuvent contribuer aux mêmes objectifs de façon complémentaire.

Vidéo live

Quel rôle pour le design dans le domaine de l’hospitalité et la santé mentale ?

Nous nous concentrerons plus précisément sur une branche marginal du design, le design multisensoriel et en particulier le design sonore.

Design Sonore Le design sonore est un domaine de conception/création de sons ou de dispositifs sonores fonctionnels. La dimension fonctionnelle le différencie d'une approche artistique ou décoratives. La nature des sons peut être variée; musique, bruits, signaux, icônes… la nature des dispositifs également; acoustique, électroacoustique, numériques…Etc

Le dispositif : humain, physique, logiciel

Dès l’origine de la psycho-thérapie : dispositif utilisateur ou dispositif médical

  1. Echange vocal/verbal sur un divan
  2. Vers une nouvelle génération du cadre hospitalier

Le cadre hospitalier est souvent in-hospitalier, conçu à l’envers : dicté par la sécurité et l’hygiène au lieu de partir du vécu et des besoins des patients. En musique, le dispositif est souvent un instrument, un outil de composition ou d’apprentissage. Existe t’il un terrain de rencontre entre le dispositif hospitalier et la pratique instrumentale ?

Musique et émotion

Dès avant notre naissance, le son est notre première relation au monde, la voix parlé et le chant nos première relations et nos premières émotions. Toute notre vie la musique demeure un vecteur fondamental des émotions, la voix parlée notre moyen d’échange et les sons sont l’expression des actions et interactions du monde extérieur et de nos actions propre. La musique et le son travaillent au niveau subconscient. Il est donc légitime de penser que le son et la musique peuvent être des vecteurs privilégiés du travail psychologique. Mais une fois cela dit, il n’y a plus que subjectivité, incertitude et approximation. L’histoire de la musicothérapie, montre que les bonnes idées sont souvent subjectives ou culturelles, comme le fameux effet Mozart (Rauscher, Shaw et Ky, publié dans la revue Nature en1993), ou farfelues comme les multiples potions magiques musicales.

Son et mystification

De tout temps le son et la musique ont été et continuent d’être un domaine de leurre et de fantasmagorie. Des prêtres dont la doctrine interdisait le culte des images, s’appropriaient la voix divine à Trump faisant avaler au monde entier qu’il vide l’ambassade des USA à cause d’une improbable “sonic weapond”. L’adage “il faut le voir pour le croire” s’applique a contrario au son à l’auralité: puisque il est de toute façon est invisible, on peut le croire sur parole. Il est donc facile dans notre domaine de faire passer des vessies pour des lanternes, pour le meilleur et pour le pire. Ainsi se développe une intense activité de charlatanisme auditif, du relaxant au massant, en passant par la musique magique qui soigne, notre sujet apparaît comme un chemin non tracé dans une jungle de fausses sciences, d’aprioris et de subjectivité.

La subjectivité est au cœur de la question posée par ce séminaire. C'est justement cette subjectivité qui peut être adressé par le dispositif. C’est une relation à 3 : entre le patient, le soignant et le dispositif.

Mais le dispositif subjectif/individualisé doit aussi montrer sa valeur objective, faire la preuve qu'il fonctionne pour le plus grand nombre, permettre d'évaluer les gains objectifs.

De nouveaux moyens s’offrent aux soignants

matériaux et procédés, fabrication flexible, miniaturisation et mobilité, accroissement de la qualité et réduction des coûts de dispositifs électroacoustique, interaction temps réel, interfaces multimodales et rétroaction multisensorielle, intelligence artificielle et traitement des données, réalité virtuelle et augmentée, design centré utilisateurs, télécommunication multimodale…etc

Quels nouvelle génération de dispositifs peut-on concevoir aujourd’hui ? Quel est le rôle du designer ? Comment concevoir ? Comment mesurer les effets objectifs, mesurer la valeur des dispositifs et traitements ? Bref beaucoup de questions pour notre petite séance de travail.

Pour approfondir ces questions et d’autres qui seront formulées au cours de ces échanges, nous écouteront les interventions suivantes :

Introduction au séminaire "Sons contre maux"

Le sujet du séminaire Sons contre maux portera sur le rôle du design sonore dans l’amélioration du vécu hospitalier des patients psychiatriques. Nous aimerions faire un point synthétiques des dispositifs et contenus sonores et musicaux existants et évoquer des pistes de recherche dans ce domaine.

Quel rôle pour le design dans le domaine de la santé mentale ? Se mettre au service des soignants, améliorer le vécu hospitalier par le confort, l'adéquation de objets et des services à l'usage, travailler l'ambiance ou bien tenter de répondre plus en profondeur à des problématiques thérapeutiques en menant des recherches sur les dispositifs pertinents adaptés aux patients et à leur pathologie.

Programme

Accueil, présentation du séminaire et de la thématique par Roland Cahen 5’

Introduction par Carine Delanoë Vieux1) ) et Marie Coirié du CHSA (Centre Hospitalier Sainte Anne) 10’
Contribution du Centre Hospitalier Saint Anne

1- Rendus du Workshop Design Sonore - ENSCi - Ircam - TALM - 15’

Présentation par des Élèves de L'ENSCi-Les Ateliers Entre le 25/09 et le 06/10/2017 s'est tenu le Workshop Design Sonore à l'ENSCi, à l'Ircam et au CHSA. Le sujet proposé aux 36 étudiants était : Hospitalité psychiatrique : Améliorer les conditions d’accueil et de séjour des patients à l'hôpital psychiatrique avec le son et la musique. 8 groupes de travail ont proposé des dispositifs sonores et musicaux pour répondre à différentes situations problématiques proposées par les équipes soignantes sur 3 lieux : l’hôpital de jour Paris Brune (PBI CPBB), le Pavillon Piera Aulanier (CHSA), le Service Hospitalo-universitaire (SHU) et le Foyer Post Cure. Nous ferons un bilan de ce workshop, des problématiques de recherche posées et non résolues qui soulèverons des questions et peut être des projets.
- questions 5'

2- Soignants CHSA praticiens art-thérapeutes 15’ Vincent CHIELENS infirmier, art thérapeute (CHSA)
Contribution de Vincent Chielens

Un piano à Sainte Anne ! Installer un piano dans le parc de l’Hôpital Sainte Anne ou dans un service d’hospitalisation en psychiatrie. Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Ou comment mettre l’art, la musique au cœur de la vie hospitalière pour permettre la rencontre, l’expression de chacun et la possibilité d’être sujet à part entière acteur de son environnement.

Mon approche en tant qu’infirmier et art thérapeute dans ces dispositifs est surtout centrée sur la musique, son écoute et sa pratique, comme médiation dans la relation avec les patients, d’abord comme une possibilité de rencontre et d’expression mais aussi comme outils d’observation clinique décalée de l’entretien classique avec un psychiatre et secondairement la possibilité d’un travail plus thérapeutique dans ce qui peut se mettre en jeu par le groupe, la sociabilisation, et plus personnellement la renarcissisation. C’est aussi un moyen pour eux de prendre part à la vie du service et de se réapproprier leur environnement, d’être un peu plus sujet à part entière que patient ou soigné (soi-nié ?). - questions 5'

3- Chercheurs et soignants en psychiatrie 15’ Jean Yves MASQUELIER (CHSA) \\ Contribution de Jean-Yves-Masquelier

Point de vue et retours d'expérience. - questions 5'

4- Chercheurs en design sonore 15’

Nicolas Misdariis et Patrick Susini (Ircam) Aspects scientifiques du design sonore. Quelles méthodes d'évaluation permettent de valider la création ou le choix d'un son, d'une musique, d'un dispositif sonore ou un processus de design sonore ?

Contribution de Nicolas Misdarjis
Contribution de Patrick Susini

Marco Liuni (Ircam) 15’Projet CREAM - Voix, son, émotions Dans ce projet, nous étudions les caractéristiques acoustiques du son et leurs relations avec l'activation de circuits cérébraux spécifiques, émotionnels ou de cognition sociale. Nous développons des algorithmes de transformation qui visent à faire du son une “technologie” pour la recherche en neurosciences cognitive, et à terme en neurologie. Le feedback vocal, étudié grâce au logiciel DAVID pour la transformation de la voix en temps réel, est un premier résultat de ce paradigme. - questions 5' 5- discussion 30’

Contribution de Marco Liuni

Problématisation

Le design sonore est un domaine de conception/création de sons et de dispositifs sonores fonctionnels. La dimension fonctionnelle le différencie d’une approche artistique ou décorative. La nature des sons peut être variée; musique, bruits, signaux, icônes… la nature des dispositifs également; acoustique, électroacoustique, numériques, etc. Comme le design d’objet et de service, le design sonore cherche l’adéquation entre l’usage et la forme, une qualité d’appropriation pour les utilisateurs et la réponse à un cahier des charges de contraintes (fabrication, coût, matériaux, contraintes légales…). Dans les domaines sonores et musicaux, le design propose des approches et méthodes spécifiques de conception, de modélisation et d’évaluation. La complémentarité entre le dispositif/objet et l’échange direct patient/soignant est-elle une direction intéressante ? La coopération entre design et santé mentale utilisant le son et la musique offre-t-elle d’autres champs d’investigations ? Comment faire en sorte que ces sujets apportent une véritable valeur ajoutée; mesurable. Parmi les sujets développés lors du workshop design sonore, l’un d’entre eux “AULOS” propose “Un outil thérapeutique d’aide à la réduction de l’anxiété et de l’angoisse. Inspiré du bio-feedback ce projet propose une application de suivi entre le soignant et le patient. Cette application mobile propose une alternative et un accompagnement la prise de médicaments. Le partage de données permettant à la fois de renforcer le lien entre le patient et le soignant en maintenant le fil de la relation entre les rendez-vous physiques, mais en offrant également au patient un outil d’auto-évaluation, de responsabilisation progressive et peut-être d’émancipation. Que se passerait-il par exemple si l’on se saisissait des techniques de biofeedback appliquées à la gestion du stress et de l’anxiété, mais qu’au lieu de traduire les valeurs physiologiques issues des capteurs en courbes ou en petits dessins de ballons qui montent et qui descendent, on contrôlait un générateur musical dont le rythme, l'orchestration, la mélodie évoluait en temps réel ?

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